La peur des aiguilles

Sommaire

• Définition
• Diagnostique
• Causes
• Symptômes
• Dépasser la peur des aiguilles
• En savoir plus

Définition de la peur des aiguilles

La phobie des seringues est incluse en 1994 dans le DSM-IV en tant que phobie spécifique, au même titre que l’amaxophobie (la peur de conduire), l’émétophobie (la peur de vomir) ou encore l’achluophobie (la peur du noir).

Plusieurs dénominations existent pour décrire la peur des aiguilles, des piqures ou des injections.

Trypanophobie

Le terme de trypanophobie vient du grec trypanon (« instrument pour percer ») et de phobos (« peur ») qui décrit une phobie des aiguilles.

La trypanophobie (ou tryponophobie) est la peur extrême des injections, des piqures, des aiguilles dans le cadre des procédures médicales. Cette phobie a tendance à être plus fréquente chez les enfants et peut diminuer à mesure que les gens vieillissent et acquièrent plus d’expérience dans les procédures médicales et les injections impliquant des aiguilles. Pour certaines personnes, cependant, cette peur peut rester extrême et angoissante à l’âge adulte.

Aichmophobie

Quelques fois, le terme de  aichmophobie (ou achmophobie) est employé. C’est un type de phobie spécifique, désignant la peur morbide des objets pointus comme les aiguilles, les épingles, mais aussi des couteaux, des ciseaux, les compas, les crayons ou les stylos… Cette phobie des objets pointus, ne se cantonne donc pas aux seules aiguilles.

Belenophobie

Le terme Belenophobie vient quand à lui du grec belónē (« aiguille ») et de phobos (« peur »)

Le mot grec belónē a été conventionnellement vu comme un dérivé de la base de bállein (« lancer, frapper en lançant ») comme belos (« missile, dard, flèche ») et bólos (« lancer, jeté »). Mais les linguistes depuis August Fick au 19ème siècle ont rejeté cette connexion pour des raisons sémantiques : les aiguilles ne sont pas jetées ou lancées.

La peur des aiguilles peut aussi trouver ses racines dans l’émétophobie (la peur du sang).

Prévalence de la peur des aiguilles

Plusieurs études se sont penchées sur la prévalence de la peur des aiguilles. La nature même de la phobie des aiguilles rend très difficile la détermination de l’incidence. Par définition, les personnes qui souffrent de phobie des aiguilles éviteront les établissements de santé et donc toute estimation de population est susceptible de sous-estimer le nombre réel d’entre elles.

Ces différentes études montrent que la majorité des enfants présentaient une peur de l’aiguille, tandis que les estimations de prévalence de la peur de l’aiguille variaient de 20 à 50 % chez les adolescents et de 20 à 30 % chez les jeunes adultes. En général, la peur de l’aiguille diminuait avec l’âge. La peur des aiguilles et la phobie des aiguilles étaient plus répandues chez les femmes que chez les hommes.

Diagnostiquer la phobie des aiguilles

Seul un médecin, un psychiatre ou un psychologue est habilité à poser des diagnostique en France. Les critères retenues pour qualifier la phobies des aiguilles pour la CIM et le DSM sont les suivants :

CIM-10-CM

1. Les symptômes psychologiques ou autonomes doivent être des manifestations primaires d’anxiété et non secondaires à d’autres symptômes, tels que des idées délirantes ou des pensées obsessionnelles.
2. L’anxiété doit être limitée à la présence d’aiguilles ou à des situations où une aiguille est utilisée.
3. Les aiguilles ou les situations où une aiguille peut être utilisée sont évitées dans la mesure du possible.

DSM-5

1. La personne manifeste une peur ou une anxiété marquée au sujet des aiguilles.
2. Les aiguilles ou les situations où des aiguilles peuvent être utilisées provoquent presque toujours une peur ou une anxiété immédiate.
3. Les aiguilles ou les situations où des aiguilles peuvent être utilisées sont activement évitées ou endurées avec une peur ou une anxiété intense.
4. La peur ou l’anxiété est disproportionnée par rapport au danger réel posé par les aiguilles, la situation et le contexte socioculturel.
5. La peur, l’anxiété ou l’évitement sont persistants et durent généralement 6 mois ou plus.
6. La peur, l’anxiété ou l’évitement provoquent une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou autre.
7. Le trouble ne s’explique pas mieux par les symptômes d’un autre trouble mental (trouble panique, agoraphobie, trouble obsessionnel-compulsif, etc.).

Peur des aiguilles, quelles sont les causes?

La peur des aiguilles commence généralement dans l’enfance et représente un problème de santé important tout au long de la vie. Les personnes qui ont très peur des aiguilles évitent souvent les soins médicaux.

Les enfants et les adolescents sont soumis à des aiguilles dans leurs diverses rencontres avec la médecine. Le plus souvent, la première exposition des enfants aux aiguilles peut survenir lorsqu’ils reçoivent des vaccins. Cependant, ils peuvent également être exposés à des aiguilles lors de la suture d’une plaie, lors de la mise en route d’une perfusion intraveineuse pour un traitement ou lors d’une prise de sang.

Pour d’autre, une hospitalisation et/ou des problèmes chroniques peuvent les avoir exposés à des soins nécessitant des seringues et des aiguilles. Des études ont montré que les enfants hospitalisés rapportent les injections comme l’une des expériences les plus redoutées et les plus douloureuses ( Hart & Bossert, 1994 ; Kortesluoma & Nikkonen, 2004). Comme toute peur, cette rencontre avec les aiguilles peut entraîner un comportement d’évitement et des tentatives d’éliminer toute exposition possible aux aiguilles. Les peurs représentent généralement des phénomènes transitoires pendant l’enfance, mais peuvent parfois devenir très stressantes et se transformer en phobies

Les traumatismes

Parmi les personnes se souvenant de la période de leur vie ou est apparue leur détresse face aux aiguilles, 76 % d’entre eux ont signalé des événements médicaux difficiles comme cause principale.

Les interventions chirurgicales peuvent créer des traumatismes chez certains d’entre nous. Le fait de se trouver dans une situation de peur dont nous ne pouvons nous échapper peut créer une dissociation structurelle d’ordre traumatique. Les expériences engageant des éléments de sécurité, voire de survie dans certains cas, peuvent laisser des traces profondes plus ou moins simples à accompagner.

Ainsi des expériences précoces comme des hospitalisations, ou plus simplement comme des prises de sang réalisées sur de jeunes enfants quelques fois agités, ou en pleur peuvent être à l’origine de la phobie des aiguilles.

Les apprentissages vicariants et hérédité

Environ 80 % des adultes souffrant de phobie des aiguilles ont déclaré qu’un parent au premier degré manifeste la même peur (Accurso et al., 2001). Certaines études soutiennent qu’une prédisposition héréditaire à la phobie des aiguilles peut trouver ses fondements dans l’évolution, étant donné que les humains qui ont évité les coups de couteau et d’autres situation risquant de percer les chairs auraient eu une plus grande chance de survie. À l’époque du Paléolithique moyen, une rencontre avec un étranger tenant un objet pointu était peut-être associée à une menace inévitable pour la vie.

Par ailleurs le simple fait d’être en contact avec une personne phobique peut, dans certains cas, communiquer la phobie. Un enfant dont les parents peuvent être phobiques des aiguilles peut développer à son tour une phobie sans jamais avoir été confronté à une situation difficile ou traumatique en lien avec les seringues.

En étant au contact de personnes terrorisées dans des situations d’exposition aux aiguilles, nous avons pu apprendre de l’émotion de l’autre. C’est une des caractéristiques de l’être humain d’apprendre en étant parfois simplement au contact de l’autre. Les émotions sont communicatives, et lorsque nous sommes dans des contextes émotionnellement forts, nous pouvons créer un traumatisme, une difficulté telle qu’elle puisse devenir une phobie.

Trypanophobie, quels sont les symptômes de la peur des aiguilles ?

Émotionnellement et physiquement, la réponse à l’acrophobie est similaire à la réponse à toute autre phobie .

Si vous souffrez de la peur des aiguilles, vous pouvez redouter de recevoir des soins médicaux, en particulier des injections. Lorsque vous devez subir une intervention médicale, vous êtes susceptible de souffrir d’hypertension artérielle et d’une fréquence cardiaque élevée dans les heures et les jours précédant votre intervention. Au moment de l’événement, votre tension artérielle peut chuter rapidement et vous pouvez même vous évanouir.

Les autres symptômes courants de cette phobie comprennent :

• Anxiété
• Vertiges
• Insomnie
• La nausée
• Battements de coeur rapides
• Respiration rapide
• Transpiration
• Tremblements

Une étude montre que les patients souffrant d’une phobie des aiguilles vaso-vagales réagissent à la peur avec une réaction de syncope vaso-vagale. La vue d’une aiguille déclenche une surréaction autonome, avec une augmentation soudaine de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle suivie d’un ralentissement immédiat du cœur et d’une diminution de la pression artérielle. La réduction du flux sanguin vers le cerveau entraîne parfois des évanouissements. Les personnes qui s’évanouissent pendant les procédures à l’aiguille signalent une peur de la réaction de syncope vaso-vagale plutôt que la peur de la procédure elle-même.

Dépasser la trypanophobie

Les adultes souffrant de la phobie des aiguilles, des seringues ou des piqures se rendent souvent compte que leur peur est irrationnelle. Pourtant, ils se sentent impuissants à surmonter leur phobie et et redoutent la  prochaine confrontation.
Heureusement, il y a de l’espoir et de nombreuses thérapies peuvent aider à surmonter cette phobie.

Ce sera un processus plus ou moins rapide en fonction des ressources psychologiques de la personne, de la chronicité du problème ou de l’existence ou non d’autres troubles simultanés. Les techniques de traitement les plus utilisées sont :

L’hypnose pour accompagner les affects négatifs de la peur des aiguilles

L’hypnose est un excellent moyen pour réguler ses émotions, appréhender ses peurs. Les difficultés aux sources de la phobie des aiguilles peuvent être accompagnées de façon symbolique, ou dans le cadre de rêves éveillés dirigés, encore d’imagination active.

L’hypnose permet, le plus souvent, de revisiter certaines difficultés dans un état de sécurité, de tranquillité, de concentration, d’ouverture propice à de nouveaux apprentissages, à de nouvelles perceptions et donc à de nouvelles émotions.

Selon que la peur des aiguilles vienne de la peur du sang, de la peur de la contamination, de la peur des médecins, de la peur du dentiste, de la peur de la douleur, l’accompagnement en hypnose s’adaptera à la façon dont cette peur des aiguilles s’est construite. Pour certains des difficultés rencontrées lors d’un parcours médical délicat, pour d’autre d’avoir vu des proches s’administrer des traitements… c’est le chemin de l’individu qui conduit l’orientation de la ou des séances d’hypnose.

En agissant sur des processus inconscient, le changement peut être créé plus facilement et plus rapidement que lorsque l’esprit est conscient. L’hypnose peut aider un individu à surmonter les phobies en reprogrammant la réaction de son esprit au déclencheur de la phobie.

En fonction du parcours de vie de la personne, plusieurs séances sont nécessaires. Si l’hypnose permet le plus souvent de trouver des solutions rapide, elle n’est pour autant pas magique.

La désensibilisation systématique – EMDR

L’EMDR consiste à classer les situations de la moins effrayante à plus effrayantes pour la personne et à les affronter progressivement. Cela implique de s’exposer à des situations dans un ordre donnée en effectuant des stimulations bilatérales alternées (des mouvements oculaires la plupart du temps). Vous ne passez à l’étape suivante que lorsque vous avez franchi l’étape actuelle dans un état calme.

La thérapie par exposition

La thérapie d’exposition peut être l’une des formes de traitement les plus efficaces pour une personne souffrant de la phobie des aiguilles. La thérapie d’exposition fonctionne en demandant au thérapeute d’exposer progressivement le patient à sa peur sur une période de temps donnée. En ce qui concerne le traitement de la peur irrationnelle d’une personne ayant peur de se retrouver en hauteur, le thérapeute peut exposer le patient à sa peur progressivement.

Bien qu’exposer le patient à sa peur lui donnera en fait un afflux d’anxiété indésirable, on pense que le faire pour l’aider à devenir insensible à sa peur. Donc, théoriquement, plus quelqu’un est exposé à ce qu’il craint, moins cela le dérangera avec le temps. Une telle stratégie peut être efficace pour traiter la phobie des aiguilles.

Méditation pour la trypanophobie

Il existe de nombreuses formes de méditation qui peuvent être très avantageuses pour une personne phobique. Plus précisément, la méditation de pleine conscience s’est avérée très bénéfique pour aider les gens à entrer dans un état plus équanime. Il existe de nombreuses façons différentes de mettre en œuvre la méditation de pleine conscience et il existe également de nombreuses applications de méditation différentes conçues pour vous rendre les choses aussi faciles que possible.

La pleine conscience a le potentiel d’aider de manière significative ceux qui souffrent de la peur des aiguilles en raison de la façon dont elle les aidera à se distraire de leur peur en recentrant leur attention sur quelque chose d’autre qui ne comporte aucun bagage émotionnel, comme en se concentrant sur le souffle par exemple. C’est l’un des moyens les plus élémentaires de méditer et d’être présent.

Pour une personne phobique des seringues, au milieu d’une crise de panique, rediriger son attention vers les différentes sensations ressenties lors de la respiration peut en fait aider à réduire la quantité d’angoisse mentale ressentie lors d’un tel afflux d’anxiété.

Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour la trypanophobie

La TCC est une intervention psycho-sociale qui vise à améliorer sa santé mentale. C’est une modalité qui est souvent utilisée pour traiter les personnes souffrant de troubles anxieux tels que le trouble anxieux généralisé et le TOC. Une personne phobique peut également être en mesure de bénéficier de la TCC et de voir comment cela lui permettrait de mieux comprendre pourquoi elle pense et se comporte comme elle le fait par rapport à ses peurs irrationnelles.

La TCC peut être extrêmement utile pour une personne atteinte d’acrophobie étant donné la pure automaticité de ses symptômes. Par exemple, lorsqu’une personne atteinte de phobie des piqures est exposée à sa peur, elle aura presque toujours une réaction subconsciente instantanée à sa peur. Un tel manque d’introspection est probablement une grande partie des raisons pour lesquelles une personne atteinte de cette maladie souffrira dans la mesure où elle le fera. La TCC peut vous aider à prendre du recul et à analyser vos peurs plus profondément que vous ne le feriez habituellement.

L’exercice physique pour la peur des aiguilles

L’exercice s’est révélé extrêmement bénéfique pour les personnes souffrant de troubles anxieux. Plus précisément, l’exercice cardiovasculaire peut contribuer de manière significative à soulager son stress. Cela ne veut pas dire que l’entraînement en résistance au poids ne profiterait pas à une personne anxieuse, mais plutôt que l’exercice aérobie s’est avéré plus efficace pour libérer ces produits chimiques bénéfiques dans le cerveau, tels que les endorphines.

Selon l’American Psychology Association, l’exercice peut aider à conditionner l’esprit pour mieux faire face aux situations stressantes. Cela a du sens lorsque nous prenons en considération le niveau élevé de stress auquel le corps est soumis pendant un exercice intense. Donc, si vous êtes vous-même sédentaire, alors vous engager dans une forme quelconque d’exercice aérobie peut contribuer de manière significative à réduire vos symptômes d’acrophobie en vous aidant beaucoup à faire face à l’anxiété et au stress associés à cette condition.

En savoir plus sur la trypanophobie

Peur des aiguilles – nature et prévalence en médecine générale

Vingt-deux pour cent des participants ont déclaré avoir peur des aiguilles. Les participants affectés étaient plus susceptibles que les participants sans crainte de signaler des symptômes vaso-vagaux, avaient déjà eu une expérience traumatisante avec des aiguilles (46,2 contre 16,4%) et évitaient un traitement médical impliquant des aiguilles (20,5 contre 2,3 %). (voir l’étude)

Phobie des aiguilles : une perspective psychologique

Malheureusement, à son tour, la peur de s’évanouir peut alors conduire au développement d’une réponse phobique plus standard. Les aiguilles produisent des évanouissements; l’évanouissement provoque de l’anxiété; et l’anxiété produit des sensations d’étourdissement, de sueur et de vision floue, qui imitent les symptômes d’évanouissement. Le patient entre donc dans un cercle vicieux d’évitement de la situation car les symptômes d’anxiété le convainquent qu’il va s’évanouir avant même le début de l’intervention. (voir l’article)

La peur des aiguilles : une revue systématique et une méta-analyse

La recherche a donné 119 articles de recherche originaux qui sont inclus dans cette revue, dont 35 contenaient suffisamment d’informations pour une méta-analyse. La majorité des enfants présentaient une peur de l’aiguille, tandis que les estimations de prévalence de la peur de l’aiguille variaient de 20 à 50 % chez les adolescents et de 20 à 30 % chez les jeunes adultes. En général, la peur de l’aiguille diminuait avec l’âge. La peur des aiguilles et la phobie des aiguilles étaient plus répandues chez les femmes que chez les hommes.(voir l’étude)

Interventions basées sur l’exposition pour la prise en charge des personnes présentant des niveaux élevés de peur des aiguilles tout au long de la vie

La peur des aiguilles commence généralement dans l’enfance et représente un problème de santé important tout au long de la vie. Les personnes qui ont très peur des aiguilles évitent souvent les soins de santé. Bien qu’il existe des conseils pour gérer la douleur et la peur des aiguilles pendant les procédures, les plus craintifs peuvent refuser ou s’abstenir de telles procédures. (voir l’étude)

La prévalence et la gestion fondée sur des données probantes de la peur des aiguilles chez les adultes atteints d’une maladie chronique

Bien que la peur de l’aiguille soit courante, il existe peu de données probantes concernant les interventions pour y remédier chez les adultes vivant avec une maladie chronique.(voir)

Peur des injections et phobie des aiguilles chez les enfants et les adolescents : un aperçu des facteurs psychologiques, comportementaux et contextuels

Le but de cette mise à jour clinique est de fournir un aperçu de la peur des aiguilles et de la phobie des aiguilles chez les enfants et les adolescents, y compris les caractéristiques et le diagnostic, la prévalence et l’épidémiologie, les facteurs étiologiques et les options de traitement. La peur et la phobie des aiguilles se présentent comme un important comportement de détresse et d’évitement lié aux aiguilles. L’étiologie est biopsychosociale. (voir l’étude)